Cannabbis et censure

Soft Secrets
06 Oct 2014

et inégalité dans le représentation des différents points de vue


et inégalité dans le représentation des différents points de vue

Le fait que la communauté du cannabis fasse plus souvent l’objet de censure que d’éloges ne devrait surprendre personne. En effet, le statut légal de la plante Cannabis Sativae, sous sa forme psychoactive ou autre, continue à semer la discorde dans une grande partie du monde : plusieurs pays se débattent actuellement avec les questions idéologiques et éthiques liées à l’utilisation de la plante, se demandent s’il faut la légaliser et, si oui, dans quelles conditions.
Il existe cependant une différence notable dans la manière dont les parties impliquées sont représentées.

Inégalité en termes de représentation

Chaque niche comporte une communauté d’experts. Le monde du cannabis ne fait pas exception à la règle, notamment en raison de la visibilité croissante du chanvre industriel et du cannabis médicinal. Ce phénomène s’est considérablement accentué avec l’essor des réseaux sociaux et aujourd’hui il est relativement facile d’accéder à des contenus sensibles et scientifiquement exacts sur le cannabis, le chanvre, et leurs propriétés respectives, puisqu’il existe déjà une communauté modérément vaste d’amateurs et de spécialistes.

Mais du point de vue des citoyens lambda, les opinions en faveur du cannabis sont rarement représentées dans les médias dits « grand public ». Certains s’accordent à dire que ce phénomène s’explique facilement par le fait que les personnes qui gèrent ou créent le contenu des publications entrant dans cette catégorie des « médias grand public » ne sont pas, en fait, en faveur du cannabis. Cette hypothèse repose sur l’idée préconçue largement répandue selon laquelle les consommateurs de cannabis sont rarement associés à de brillants professionnels de haut niveau – hypothèse ayant vu le jour en raison de ladite couverture médiatique inexacte ou inexistante. Néanmoins, certaines de ces personnes y sont parvenues après maints efforts, même si peu d’entre elles parviennent à intégrer ce point dans leur identité en tant que professionnel des médias.

 
Le panthéon de la honte

Évidemment, quel que soit le sujet, les publications éminentes se doivent d’être précautionneux quant aux articles d’opinion « fâcheux » qui, dans le pire des cas, pourraient nuire à la réputation globale du journal ou du magazine concerné. Toutefois, il est intéressant de rappeler que tout travail journalistique, à l’origine, est supposé être aussi neutre que possible et doit donc être exempt de censure et de choix de couverture malencontreux.

D’un autre côté, la désormais relativement courante « colonne éditoriale cannabique », prérogative des chroniqueurs supposés « libéraux », bien que constituant un outil indéniable lorsqu’il est question de faire la liste des personnalités consommant du cannabis, commence à lasser. Après tout, il existe un nombre incalculable d’études médicales et scientifiques relatives au cannabis qui démontrent les effets bénéfiques de la plante, ainsi que de nombreux témoignages de patients qui ont traité ou soulagé les symptômes d’un large éventail de maladies avec l’aide du cannabis. Le monde avait-il réellement besoin que Whoopi Goldberg endosse le rôle de « chroniqueuse défenseuse du cannabis » pour reconnaitre que le cannabis médicinal aide les patients souffrant de glaucome ? Dans bien d’autres domaines, il s’avère que les preuves scientifiques et/ou anecdotiques surclassent les révélations de célébrités lorsqu’il est question de contenus journalistiques raisonnablement informatifs.

La valeur ajoutée des journalistes, blogueurs ou célébrités hollywoodiennes révélant consommer du cannabis est énorme au niveau communautaire, mais quasi nulle d’un point de vue législatif. Tout type d’aide est toujours apprécié, mais surtout lorsque des vies sont en jeu, le fait que les progrès de la médecine puissent dépendre des opinions et efforts des plus fortunés et des « stars » est une déception absolue, et qui en dit long sur les civilisations modernes.

La guerre contre le progrès

Outre le journalisme, le soutien apporté au cannabis prend bien sûr de nombreux autres aspects, qu’il s’agisse d’activisme pur et dur, du simple fait de s’exprimer sur le sujet ou de toute action intermédiaire. Dès le début de la guerre contre la drogue, le succès de la communauté cannabique a reposé principalement sur l’élargissement de son champ d’action, avec l’espoir de former une majorité suffisamment conséquente pour faire pencher la balance en faveur de la cause.

Comme mentionné plus haut, les réseaux sociaux constituent un outil extrêmement efficace en ce sens. La viralité est la clé, un fait plus que reconnu et exploité de la même manière par les militants comme les prohibitionnistes. Mais sans dire que la prohibition figure sur le programme des pouvoirs établis pour la décennie à venir, il est clair comme de l’eau de roche, pour la plupart des gens, que seule une certaine partie de la population possède le pouvoir de censurer des contenus quels qu’ils soient.
Par conséquent, alors que les exemples de plates-formes de réseaux sociaux fermant des contenus liés au cannabis s’accumulent, il devient de plus en plus difficile d’accorder le bénéfice du doute aux sociétés multimédia concernées.

La Proposition 19 de 2010 en Californie pourrait être considérée comme une initiative censurée ; la vidéo de campagne la plus efficace du groupe de défense a été jugée « offensive » par la plateforme l’hébergeant, devenant ainsi inaccessible pour la plupart des visiteurs à travers le monde, alors qu’elle montrait simplement des joints (non fumés) et des briquets. Accessoirement, le blocage s’est produit quelques jours avant le vote – une période stratégique pour les retournements d’opinion – et, comme souvent, aucun recours n’a été possible. Le même site de streaming vidéo est connu pour avoir une sensibilité quelque peu sélective à l’égard de contenus liés au cannabis ; alors qu’une profusion de vidéos d’utilisateurs de tous âges consommant du cannabis de toutes les manières possibles sont disponibles sur la plate-forme, tout ce qui pourrait favoriser véritablement la communauté cannabique à un niveau plus sérieux est, en revanche, systématiquement modifié.

Par exemple, l’édition 2012 de « Your Interview with the President » (Votre entretien avec le Président), organisée par la Maison Blanche et diffusée par les principaux réseaux sociaux, a été modifiée « inexplicablement » de façon à exclure une seule question, celle de Stephen Downing, ancien Chef de la police de Los Angeles : sans surprise, une question relative au cannabis. Accessoirement, les sujets qui eux, ont été traités de façon approfondie portaient entre autres sur : les en-cas présidentiels favoris, le sport et les rendez-vous amoureux en compagnie de Mme Obama.
Les lecteurs avides du blog de Sensi et les fidèles usagers de nos comptes sur les réseaux sociaux ont peut-être remarqué ces dernières semaines le changement d’hébergeur de nos vidéos, d’un grand nom de la diffusion de vidéos en streaming, à une plate-forme payante. Le compte vidéo de Sensi Seeds a en effet été supprimé de la première à plusieurs reprises, pour des raisons qui restent mystérieuses à ce jour, puisque les multiples requêtes envoyées à ce sujet sont restées sans réponse.

La riposte des prohibitionnistes

Plus qu’un simple problème de couverture médiatique, le cannabis souffre d’un problème de liberté d’expression. Encore une fois, le fait que la désinformation liée au cannabis atteigne des sommets incroyables actuellement ne devrait être une révélation pour personne.

Les sources les plus éminentes ne sont toujours pas de la fête en termes d’acceptation du cannabis, ce qui n’est pas vraiment une nouvelle à ce stade de l’histoire de la plante, mais c’est une chose d’adopter la politique du « don’t ask, don’t tell » (« Ne demandez pas, n’en parlez pas ») et une autre d’utiliser son pouvoir pour désinformer des millions de gens. Lorsque le New York Times a fait preuve d’audace en rejoignant le mouvement pro-cannabis, la riposte la plus notable est venue directement de la Maison Blanche. Non seulement son communiqué de presse a rejeté la position du New York Times sur le cannabis légal, mais ses propres arguments défiaient toute explication en termes d’exactitude médicale.

Heureusement, les signaux d’alarme présents dans le texte de cette réaction insensée du gouvernement américain n’ont pas échappé à ceux qui s’efforcent au quotidien de remettre la plante de cannabis à la bonne place.
Le recours aux vieilles astuces montre que les prohibitionnistes ont du mal à maintenir l’illusion selon laquelle la politique actuelle est la seule solution disponible.
Sensi Seeds espère qu’un jour la communauté cannabique pourra agir sans la stigmatisation que la société fait subir et continue de faire subir à ses membres.

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