Cannabis : la politique de tolerance zero du nouveau gouvernement

Suite à l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la république, nous connaissons  maintenant la composition du nouveau gouvernement. Edouard Philippe a été nommé premier ministre et Gérard Collomb, ministre de l’intérieur. Quelle sera la politique de ce nouveau gouvernement en matière de cannabis ? Durant sa campagne, Emmanuel Macron a tenté de jouer sur les deux tableaux dans le domaine du cannabis. Le nouveau président a cultivé une certaine ambiguïté et a misé sur un éventuel malentendu. Rappelons qu’Emmanuel Macron veut mettre en place un type de dépénalisation appelée contraventionnalisation.  Il s’agit techniquement d’une dépénalisation mais l’objectif est de mettre systématiquement des amendes pour la possession de petites quantités de cannabis. Depuis octobre 2015, une nouvelle loi permet déjà aux forces de l’ordre de dresser ces contraventions pour l’usage de cannabis. L’exemple le plus flagrant de cette stratégie est cet article publié sur le site du journal Le Monde (qui a clairement soutenu Macron) quelques jours avant le deuxième tour. Cet article expliquait qu’Emmanuel Macron s’était prononcé pour la dépénalisation du cannabis, sans préciser qu’il s’agissait d’une contraventionnalisation. Inversement, Emmanuel Macron s’est adressé aux anti prohibitionnistes dans ses différents meetings ou interventions télévisées en expliquant qu’aucun délit même mineur ne devait rester impuni et que, dans les faits, la répression contre le cannabis serait au contraire, renforcée. A l’instar de Sarkozy ou de l’ancien maire de New-York, Raphael Giuliani, le nouveau président prône bien une politique de « tolérance zéro ». Le plus étrange est que, comme le prévoit également la loi promulguée en octobre 2015 par l’ancien gouvernement, l’idée est de sanctionner la consommation de cannabis de la même façon que d’autres délits comme le vol à l’étalage ou la conduite sans permis. Le cannabis est pourtant un crime sans victime. Dans le vol à l’étalage, il y a un préjudice pour le commerçant et la conduite sans permis pourrait mettre gravement en danger les usagers de la route ou les piétons. Ces délits seront pourtant sanctionnés par des amendes comme la consommation de cannabis. Le montant de l’amende pour les petites quantités de cannabis devrait s’élever à une centaine d’euros, à payer immédiatement. Le nouveau premier ministre Edouard Philippe avait évoqué il y a quelques mois, alors qu’il n’était encore que maire du Havre, le sujet du cannabis sur la chaîne LCP. Il avait alors déclaré ne pas avoir d’avis tranché sur la question de la légalisation. Appelé « premier flic de France », le nouveau ministre de l’intérieur Gérard Collomb a déjà déclaré qu’il n’était pas favorable à la légalisation du cannabis. En 2008, il avait pourtant organisé un concert du groupe Le Peuple de L’Herbe  pour soutenir sa réélection à la Mairie de Lyon ! Mais peu importe la position personnelle des ministres car leur mission sera d’exécuter la politique décidée par Emmanuel Macron. Rien de nouveau donc sur le sujet du cannabis. La plante reste toujours interdite et le ministre de l’intérieur continuera de poser fièrement devant les saisies record effectuées par les douanes et la police. A cause des amendes, les consommateurs de cannabis seront peut être encore plus sanctionnés dans les faits. Tout espoir n’est pourtant pas perdu. Le résultat des élections législatives pourrait modifier les rapports de force politiques. Par ailleurs, espérons qu’Emmanuel Macron, qui a souvent changé d’avis dans le passé, s’inspire des évolutions à l’étranger et change son point de vue sur le cannabis. Je lui suggère de mettre en place immédiatement une véritable dépénalisation du cannabis, sans contravention, ni confiscation du produit. L’usage et l’autoproduction de cannabis pourraient être autorisés en fixant des limites raisonnables. Je propose un maximum de 50 grammes pour la possession et le transport et d’un mètre carré d’espace de culture par personne. Auteur : Olivier F