Le racisme derrière la prohibition du cannabis aux USA

Soft Secrets
19 Jan 2014

Une drogue associée aux immigrants dans les années '30


Une drogue associée aux immigrants dans les années '30


Un discours foncièrement raciste et réactionnaire (et riche en contre-vérités scientifiques) a accompagné la promulgation des lois contre la marijuana dans les années 1930 aux Etats-Unis.

La journaliste Maia Szalavitz s’intéresse aux drogues en général et à la marijuana en particulier. Elle dénonce dans un article très documenté publié sur The Fix les dérives de l’administration américaine qui a commencé à diaboliser le cannabis dans les années 1930. Elle affirme qu’il n’existe pas de raisons scientifiques suffisamment valables pour juger sévèrement cette drogue.

En 1930, peu de temps avant la fin de la prohibition de l’alcool, il fallait trouver un nouvel ennemi public numéro un : ce sera la marijuana. Pour obtenir l'aval de l'opinion publique, une lourde propagande va se mettre en place. Une partie du discours consiste à associer le cannabis à des comportements criminels, à l'image du fameux Reefer Madness (film tellement caricatural qu'il a initié malgré lui le genre du "stoner movie"). Une autre, moins connue, se base sur une pensée totalement raciste.

Cette drogue se retrouve donc associée aux immigrants mexicains et aux jazzmen afro-américains, vus comme des personnages dangereux. Harry Anslinger, homme qui a grosso modo modelé la politique de la lutte contre les stupéfiants aux USA, défendait ainsi la prohibition de la marijuana : "Il y a quelques 100 000 fumeurs de marijuana aux USA et la plupart sont des Négros, des Hispaniques, des Philippins et des humoristes. Leurs musiques sataniques que sont le jazz et le swing résultent de la marijuana. La marijuana amène les femmes blanches à vouloir des relations sexuelles avec les nègres, etc." Si ce discours semble choquant et absurde vu d'aujourd'hui, en cette époque des "Jim Crow Laws" il passait comme une lettre à la poste.


Des publicités déclaraient également que la marijuana "assassine la jeunesse" et on ne compte pas les articles qui parlaient des violences causées par la plante. Avant l’interdiction de la marijuana, l’American Medical Association s’est opposée à sa prohibition mais son avis a été ignoré. Durant la période des Indes britanniques un rapport de l’Indian Hemp Drugs Committee concluait en 1894 qu’"un usage modéré du chanvre indien permet de soigner et n’a pas des conséquences fâcheuses" – comme la dépendance.

Mais les clichés sont tenaces et on a récemment vu Tina Brown, fondatrice du site The Daily Beast et ancienne du New Yorker, tweeté : "la marijuana légale contribue à faire de nous une nation plus grosse, plus bête et endormie, encore moins à même de rivaliser avec laChine".
Source : http://fluctuat.premiere.fr/

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