Le faux débat sur la légalisation du cannabis

Olivier F
28 Aug 2022

Alors que la répression contre les usagers de cannabis n’a jamais été aussi intense, 31 sénateurs socialistes ont récemment publié une tribune pour la légalisation dans le journal Le Monde. Cette tribune a relancé le débat sur la légalisation du cannabis sur différents médias. La plupart de ces débats se caractérisent par la participation de personnes qui ne connaissent absolument pas le sujet et par l’absence des premiers concernés : les consommateurs de cannabis.


Les débats concernent principalement les conséquences de la prohibition ou d’une éventuelle légalisation. Les banlieues vont-elle se révolter en cas de légalisation ? Les dealers vont-ils vendre de la cocaïne à la place ? Les dealers vont-ils continuer à vendre du cannabis pour les mineurs ? Les dealers vont-ils continuer à vendre du cannabis plus fort que le cannabis légal, puisque selon les prohibitionnistes, une limite de THC devra forcément être mis en place en cas de légalisation ?

Toutes ces questions ne concernent absolument pas les consommateurs de cannabis. Rappelons le encore une fois, la consommation de  cannabis doit être dépénalisée immédiatement pour la raison suivante : il s’agit d’une liberté individuelle essentielle qui est celle de choisir le produit qu’on ingère dans son propre corps.

On pourrait rajouter « sans nuisance à autrui » car la simple consommation de cannabis n’en provoque aucune. L’alcool, par contre, provoque de nombreuses nuisances à autrui ; bagarres, violences conjugales et accidents de la route. L’alcool est pourtant légal et socialement accepté. Les scientifiques, à la quasi-unanimité, affirment pourtant que le cannabis est moins dangereux que l’alcool, que ce soit pour autrui ou pour soi-même. Il s’agit là d’une grave discrimination qui concerne au moins 5 millions de citoyens français.

Quelles que soient les conséquences de la légalisation, bonnes ou mauvaises, pour l’ensemble de la société, le cannabis doit être dépénalisé ou légalisé pour en finir avec ces lois injustes et discriminatoires.

Le chroniqueur de la chaîne C News et ancien député Georges Fenech est l’exemple type du prohibitionniste acharné et ignorant, incapable de présenter un argument valable pour justifier sa position. Selon lui, les consommateurs de cannabis seraient marginalisés. Ce n’est pourtant pas la consommation de cannabis qui marginalise mais bien la prohibition. Georges Fenech est lui-même un fumeur de tabac. Sans aucune preuve, et en allant à l’encontre de tous les scientifiques, il ose affirmer que le tabac et l’alcool sont moins dangereux et moins addictifs que le cannabis ! Georges Fenech représente bien les prohibitionnistes de l’ancien monde, diffuseurs de fake news et très égoïstes, qui revendiquent leur propre liberté (fumer du tabac et boire de l’alcool) mais s’assoient sur celles des autres (les consommateurs de cannabis).

Pour lutter contre le cannabis, tout est permis et cet été, les contrôles se sont multipliés. Les tests salivaires sont imposés aux conducteurs et dans certains cas, aux passagers, aux cyclistes ou aux piétons ! Un test positif ou quelques grammes de cannabis saisis peuvent déclencher une perquisition à domicile. Ces opérations concernent tous les moyens de transport ; voiture, avion, train, bus... Les conséquences peuvent s’avérer fâcheuses pour ceux qui ont la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment : retrait de permis, amendes, passage devant le tribunal correctionnel et condamnation à de la prison avec sursis et même à de la prison ferme pour certains consommateurs récidivistes ou cultivateurs autoproducteurs.

La lute contre le cannabis est la priorité du ministre de l’intérieur Darmanin et du président Macron qui la considère comme « la mère de toutes les batailles ». Les consommateurs vont-ils devoir subir encore longtemps cet acharnement des autorités ?

Olivier F

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Olivier F